Investir soi-même entraîne des pertes de plus de 100 000 $
Leçons principales :
Si vous investissez par l’intermédiaire d’un compte que vous gérez vous-même auprès d’une firme d’exécution d’ordres seulement, vous pouvez payer des frais beaucoup moins élevés qu’un conseiller. Mais, en tant qu’investisseur autonome, vous assumez l’entière responsabilité de vos investissements et vous acceptez le risque financier de vos décisions d’investissement. Si vous êtes un investisseur autonome, vous devriez toujours :
- Vous informer sur les titres que vous achetez et restez informé à leur sujet, y compris lorsqu’ils subissent des changements inhabituels comme des divisions d’actions ou des regroupements.
- Vous rappeler que votre firme d’exécution d’ordres seulement ne vous donnera pas de conseils ou de recommandations d’investissement et n’a aucune obligation de vous fournir des renseignements sur les titres dans lesquels vous avez investi ou de vous aider à minimiser vos pertes financières
- Analyser soigneusement le risque de perte de vos investissements individuellement et en tant que portefeuille et déterminer s’ils conviennent à votre situation personnelle, y compris votre tolérance au risque personnelle et votre capacité à supporter les pertes
- Ne pas oublier qu’emprunter pour investir (investissement sur marge) augmente toujours votre risque d’investissement, car vous pouvez perdre plus d’argent que vous n’en avez investi
Le consommateur choisit d’investir lui-même
Suite au décès de son père, M. C a hérité de 50 000 $ qu’il souhaitait investir. Il avait des connaissances et une expérience limitées en matière d’investissement, mais il avait déjà investi et avait des économies existantes de 84 000 $. Sa firme d’investissement avait fourni des ressources sur lesquelles il comptait pour prendre des décisions de négociation éclairées et mieux comprendre le marché. Sur la base de cette expérience, M. C était confiant à l'idée d’investir seul.
Au printemps 2017, il a ouvert un compte en ligne dans une firme d’exécution d’ordres seulement afin de pouvoir effectuer des opérations sur titres de manière indépendante.
Peu de temps après avoir commencé à effectuer des transactions sur son compte, M. C a remarqué un solde de son compte au comptant négatif. Il a appelé la firme pour en connaître la raison. Au cours de cet appel téléphonique, la représentante a dit à M. C que ses achats d’actions avaient dépassé les fonds disponibles sur son compte au comptant et que certaines de ses transactions n’avaient pas été effectuées en raison de ce solde négatif. M. C a demandé s’il y avait un moyen d’empêcher un solde négatif d’interférer avec ses transactions.
La représentante a dit que M. C pouvait demander un compte sur marge, ce qui lui permettrait d’emprunter temporairement des fonds à la firme si son solde était négatif pendant qu’il effectue des transactions. Elle a expliqué que toutes les transactions étaient soumises à l’approbation de la firme et que l’intérêt quotidien était calculé sur le montant emprunté en fonction d’un taux d’intérêt annuel jusqu’à son remboursement.
Les emprunts sur marge entraînent des pertes financières importantes
Lorsque M. C a demandé à la représentante pourquoi il avait besoin d’une approbation, elle a dit que certaines conditions doivent être remplies avant qu’un client puisse utiliser un compte sur marge pour acheter des actions. Il a posé des questions sur l’achat de nombreuses actions différentes avec un compte sur marge. Parmi les actions sur lesquelles M. C s’est renseigné, la représentante a dit que l’une d’entre elles, l’action X, était admissible à la marge à un taux de 70 %. Cela signifiait que si M. C fournissait 30 000 $ de son propre argent, la firme lui prêterait jusqu’à 70 000 $ pour investir dans l’action X.
M. C pensait que l’action X devait avoir un bon potentiel si la firme était disposée à le laisser emprunter pour y investir. À l’été 2017, il a demandé l’ouverture d’un compte sur marge, qui a été approuvé par la firme. M. C a acheté plusieurs actions X une fois que son compte était actif. Il ne s’est pas soucié de couvrir la totalité du prix d’achat, car il pouvait emprunter les fonds sur marge.
Après plusieurs mois de transactions en devises américaines et canadiennes, empruntant régulièrement pour conclure ses transactions et encourant des intérêts pour des emprunts sur marge, M. C avait perdu une quantité considérable de ses économies. Lorsque l’action X n’a pas fonctionné aussi bien qu’il l’avait prévu, il a également perdu de l’argent sur ses actions.
Au printemps 2019, M. C a demandé à la firme de reconvertir son compte sur marge en compte au comptant. Il a affirmé qu’un compte sur marge convenait mieux à un investisseur professionnel, et non à lui. À l’automne, M. C s’est inquiété de sa perte financière, qui avait atteint environ 120 000 $. Il pensait que la firme était responsable.
La firme refuse d’indemniser le consommateur
M. C s’est plaint à la firme que :
- La firme n’avait pas expliqué qu’il avait ouvert un compte pour investir soi-même ou qu’il ne recevrait pas de conseils en investissement.
- La firme aurait dû rejeter toute opération qui dépassait les fonds disponibles dans son compte au comptant et n’aurait jamais dû permettre que son compte atteigne un solde négatif.
- La représentante aurait dû se rendre compte qu’il était un investisseur inexpérimenté lorsqu’il a commencé à poser plusieurs questions sur la négociation et aurait dû l’aider à éviter de perdre de l’argent.
- La représentante n’aurait pas dû lui suggérer un compte sur marge parce qu’il avait très peu d’expérience en investissement et qu’il ne pouvait pas subir une perte financière importante.
- Le conseil de la représentante d’acheter l’action X ne lui convenait pas.
Il a demandé à la firme de lui rembourser le montant total de sa perte. La firme a répondu à M. C en lui rappelant qu’il s’était engagé à investir entièrement seul, sans les services d’un conseiller. Ils ont dirigé M. C vers les documents qu’il avait signés et ont refusé sa demande d’indemnisation.
Bouleversé par la réponse de la firme, M. C a demandé de l’aide à l’OSBI.
Nos découvertes
Au cours de notre enquête, nous avons examiné le dossier que détenait la firme sur M. C et interrogé ce dernier. Nous avons constaté que la firme avait fourni à M. C des renseignements clairs indiquant qu’elle lui donnerait accès à une plateforme de négociation en ligne, mais qu’elle :
- Ne lui donnera pas des recommandations d’investissement, ou l’assurance d’investissements appropriés.
- Ne tiendra pas compte de sa situation financière ou de sa tolérance au risque.
- N’assumera aucune responsabilité quant à ses décisions d’investissement ou à leurs résultats. Ne rejettera pas automatiquement les ordres lorsqu’il y avait des fonds insuffisants ou un solde négatif sur son compte.
Ces conditions ont été clairement décrites dans l’entente client que M. C a signée.
Notre entretien avec M. C nous a permis de confirmer que :
- Lors de son appel avec la représentante, il avait choisi d’interpréter ses réponses à ses questions comme des conseils en investissement.
- M. C avait signé le formulaire de demande d’ouverture de compte sur marge, acceptant les risques financiers liés à son utilisation.
- Il n’avait pas lu complètement l’entente client et les renseignements fournis par le firme.
Compte tenu des circonstances, nous n’avions aucune raison de recommander que la firme indemnise M. C pour ses pertes.
Étude de cas connexe