Bulletin des consommateurs : Parfois, les fraudeurs sont des personnes que nous connaissons
Les Canadiens ont de bonnes raisons de craindre de se faire escroquer.
Près d’un quart des dossiers liés aux services bancaires reçus par l’OSBI en 2020 étaient liés à la fraude, ce qui en fait le problème bancaire le plus signalé de l’année. Selon le Centre antifraude du Canada, la fraude est en hausse. En 2020, les Canadiens ont perdu 106,4 millions de dollars à cause de la fraude, contre 96 millions de dollars en 2019.
Bon nombre de ces fraudes et escroqueries sont perpétrées par des criminels qui se cachent derrière de fausses identités sur l’Internet, et il semble que ces fraudeurs trouvent toujours de nouveaux moyens de voler l’argent des gens. Mais que faire si le fraudeur est un visage familier? Et s’ils vivent avec vous ou sont votre voisin? C’est une pensée troublante. Malheureusement, nous voyons trop souvent des cas de personnes qui se sont fait voler leur argent par leur famille ou leurs amis. Il s’agit de ce que nous appelons une fraude commise par un proche.
Les victimes de fraudes commises par un proche perdent plus que de l’argent.
La fraude familière est particulièrement difficile à gérer, car ses conséquences ne sont pas seulement la perte d’argent, mais aussi la déception, la trahison et le chagrin. Souvent, la victime ne se rend pas compte de la fraude tout de suite, et lorsqu’elle l’apprend, elle ne pense même pas qu’un de ses proches l’a volée. Lorsqu’elle informe sa banque de la disparition de fonds, la banque enquête sur la situation et fait part de ses conclusions. Lorsque les preuves de la banque montrent que la victime a été ciblée par une personne de confiance, la victime se sent généralement embarrassée et craint ce qui pourrait se passer si les autorités s’en mêlent.
À quoi ressemble une fraude commise par un proche?
La fraude commise par un proche implique généralement la confiance entre le fraudeur et sa victime. Le fraudeur utilise souvent les renseignements bancaires d’un membre de la famille ou d’un ami, et parfois l’accès à son téléphone ou à son courrier physique, pour prendre le contrôle de son compte. La victime peut ne savoir que bien plus tard qu’elle a été ciblée. Voici quelques cas réels que nous avons vus et qui montrent que la fraude commise par un proche peut arriver à n’importe qui.
Cas n° 1 – Les enfants majeurs
M. B avait une carte de crédit, une carte de débit et un compte d’investissement à sa banque. Lorsqu’il a parlé à un représentant de la banque au téléphone, il a appris qu’il manquait 24 700 $ dans ses comptes. L’enquête de la banque a démontré que les fonds manquants avaient été retirés d’un GAB (guichet automatique bancaire) à l’aide de la carte de débit et du NIP de M. B, que des fonds avaient été retirés du compte d’investissement de M. B à l’aide de ses renseignements personnels et que des achats avaient été effectués en ligne et par téléphone à l’aide des détails du compte de la carte de crédit de M. B. Les preuves indiquent que la carte de débit et la carte de crédit de M. B ont été utilisées par quelqu’un à plusieurs reprises, puis remises dans son portefeuille. Les enfants adultes de M. B vivaient avec lui. Ils avaient également accès aux cartes bancaires, aux dossiers et au courrier de la maison de M. B.
À la suite de son enquête, la banque de M. B lui a remboursé les achats effectués sans preuve de la présence de sa carte de crédit au moment des transactions. Toutefois, la banque ne voulait pas le rembourser pour les transactions qui nécessitaient ses cartes bancaires, ses NIP et ses renseignements personnels parce qu’elle avait suivi les politiques habituelles pour confirmer l’identité de M. B. Notre enquête a démontré que la banque n’aurait pas pu protéger M. B de cette fraude, car les transactions semblaient provenir de M. B et nécessitaient des renseignements, comme son NIP, qui auraient dû rester confidentiels. La prochaine étape que M. B pouvait entreprendre était de déposer une plainte auprès de la police, mais il ne voulait pas le faire.
Cas n° 2 – Le fils adolescent
Mme W a reçu une carte de crédit de remplacement par la poste. Elle a laissé la nouvelle carte dans son bureau et ne l’a pas activée tout de suite. Des mois plus tard, elle a découvert que son fils adolescent avait activé sa carte, modifié le NIP et l’avait utilisée pour effectuer des achats d’une valeur de 6 000 $. Elle a prévenu sa banque. Elle s’est également plainte que la procédure de la banque avait permis à son fils d’utiliser la carte à son insu et sans son autorisation.
La banque a répondu à Mme W qu’elle avait suivi sa procédure habituelle, qui exigeait que le consommateur réponde correctement à des questions de sécurité basées sur des renseignements personnels, des détails du compte et un code de vérification sur la carte de crédit. La banque a également rappelé à Mme W qu’elle avait accepté certaines conditions lorsqu’elle a ouvert son compte de carte de crédit, y compris sa responsabilité de préserver la confidentialité de ses renseignements personnels et de son compte. La banque a informé Mme W qu’à moins qu’elle ne signale le vol de sa carte à la police, elle la considérerait comme responsable de la dette de 6 000 $ contractée par carte de crédit. Mme W a refusé d’impliquer les autorités. Notre enquête a confirmé que la banque avait agi de façon raisonnable dans les circonstances du dossier.
Cas n° 3 – L’ami de confiance
M. O et son ami sont allés dans une boîte de nuit. Il a posé son portefeuille, contenant sa carte de crédit, sur la table et est parti pour aller à la salle de bain. Quand M. O est revenu, son portefeuille avait disparu, mais il ne l’a pas remarqué. Il ne s’est rendu compte de sa disparition que le lendemain matin. Il a avisé la banque et la police que son portefeuille avait été volé. La banque a annulé la carte de débit de M. O, mais 800 $ avaient déjà été retirés.
Au cours de son enquête, la banque de M. O lui a montré des photos prises par la caméra de sécurité du GAB pour voir s’il connaissait le voleur. Il a reconnu son ami de la boîte de nuit. Dans le cadre de son enquête, la banque a contacté l’ami de M. O pour obtenir plus de détails. L’ami a dit à la banque que M. O avait partagé son NIP en mentionnant qu’il avait beaucoup d’argent dans son compte bancaire, alors il semblait acceptable d’en retirer. M. O a nié avoir partagé son NIP, mais il a admis avoir trop bu cette nuit-là. La banque a refusé de rembourser M. O parce qu’elle a conclu qu’il n’avait pas protégé son NIP. Notre enquête a révélé que M. O n’avait pas respecté son entente de titulaire de carte lorsqu’il a communiqué des renseignements confidentiels sur son compte à son ami.
Ce que vous pouvez faire pour éviter ces situations
Chacun peut se protéger de la douleur émotionnelle et financière d’une fraude commise par un proche en suivant ces simples conseils.
Restez confidentiel
Ne partagez jamais vos renseignements personnels ou de compte avec quiconque, même avec votre famille, vos amis ou une personne qui vit avec vous. Cela inclut tous les détails que vous utilisez pour accéder à votre compte, comme vos :
- cartes bancaires
- numéros de compte.
- NIP (numéro d’identification personnel)
- mots de passe
- réponses à vos questions de sécurité
N’oubliez pas non plus de déchiqueter ou de conserver en toute sécurité tous les documents contenant des renseignements confidentiels. L’entente de compte que vous signez pour votre carte de débit ou de crédit est assortie de modalités. L’une d’elles consiste à protéger les renseignements personnels et les mots de passe utilisés pour accéder à votre compte. Vous pourriez être tenu responsable en cas de fraude parce que vous n’avez pas protégé les détails de votre carte ou de votre compte.
Changez régulièrement vos NIP et mots de passe
Avec le temps, il est possible que vos proches voient, entendent ou trouvent votre NIP, vos mots de passe ou vos questions de sécurité. Pour préserver la confidentialité de ces renseignements, prenez l’habitude de les modifier régulièrement.
Évitez de prendre des risques
Bien qu’il puisse sembler commode de faire confiance à un proche avec des renseignements confidentiels, il est plus sage de ne pas prendre de risques. Si vous avez besoin d’aide pour vos factures ou vos achats, envisagez de créer un compte bancaire conjoint distinct de votre compte bancaire principal, afin que votre assistant de confiance puisse avoir sa propre carte qui n’a accès qu’au compte auquel vous voulez qu’il ait accès. Votre banque peut vous aider à établir un virement automatique dans ce compte chaque mois d’un montant qui répond à vos besoins.
Ajoutez des alertes
De nombreuses banques proposent désormais des alertes par message texte ou par courriel pour vous avertir des retraits effectués. Ces alertes sont un excellent moyen de rester au courant de ce qui se passe sur votre compte. Les alertes sont envoyées dès qu’une transaction est terminée, de sorte que vous n’avez pas à attendre l’arrivée de votre relevé mensuel. Les alertes peuvent réduire votre perte financière en raison de la fraude.
Fixez une limite sur vos cartes
Gardez les limites de votre carte bancaire basses pour les achats et les retraits. Des limites peuvent être fixées pour différents types de transactions, comme :
- les transactions effectuées au moyen du GAB
- les achats nécessitant un NIP lorsqu’une carte de débit ou de crédit est utilisée
- les achats « sans carte » effectués en ligne ou par téléphone
- les virements électroniques (ou transferts par courrier électronique) qui permettent de transférer des fonds d’un compte à une autre personne
- les achats par carte de crédit
Veillez à vous protéger contre la fraude. Si personne ne peut accéder à vos renseignements personnels, à vos renseignements de compte et/ou à votre NIP, ils ne pourront pas les utiliser. Toutefois, lorsque des fraudes se produisent, il existe généralement des signes avant-coureurs. Si vous voyez des transactions dans votre compte qui ne sont pas les vôtres, communiquez immédiatement avec votre banque. Toutes les banques ont des délais de notification. Plus vite elles sont informées, plus vite elles peuvent prendre des mesures pour protéger vos comptes.
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